Ratons allaités

Pourquoi utiliser l’eau deutérée pour mesurer la production de lait maternel ?

Pourquoi utiliser l’eau deutérée pour mesurer la production de lait maternel ?

Une restriction des apports en protéines pendant la grossesse et la lactation entraîne une baisse significative du flux de lait.

L’Organisation Mondiale de la Santé recommande l’allaitement exclusif jusqu’à l’âge de 6 mois, car il est associé à des bénéfices pour la mère et l’enfant. En France, le taux d’allaitement exclusif chute de 60% à la naissance à 35% dès la fin du premier mois. Une des explications est la perception d’une production peut-être insuffisante de lait maternel. Au mieux, la production de lait est mesurée indirectement par pesée des enfants, avant et après tétée. Cette méthode est peu précise et peut entraîner un arrêt précoce et injustifié de l’allaitement. De plus, elle est peu applicable en recherche sur des animaux modèles et de petite taille (rongeurs).

Nous proposons donc une méthode plus précise, consistant à administrer à la mère une dose d’eau marquée au deutérium, isotope stable de l’hydrogène, non radioactif et non-toxique, puis à suivre sa diffusion chez le petit allaité. L’eau du lait maternel étant la seule source d’eau ingérée par le petit, on peut quantifier la consommation de lait par le petit et en déduire le flux de lait entre la mère et le petit.

Cette méthode a été appliquée, pour la première fois chez le rat, pour quantifier la production de lait maternel. Elle a permis de montrer l’impact d’une restriction des apports protéiques de l’alimentation de la mère sur la production de lait. Pendant la lactation et la gestation, des rates Sprague Dawlay ont été soumises à un régime témoin (NP), et un régime restreint en protéines (LP) (-59% de protéines par rapport à NP). Entre les 11ème et 14ème jours de lactation, le flux de lait était de 3,30 g/h pour les mères NP versus 2,18 g/h pour les mères LP. La restriction protéique maternelle entrainait donc une baisse significative du flux de lait, de l’ordre de 34% (NP versus LP). Grâce à sa précision, cette méthode est maintenant disponible pour tester, sur un modèle animal rongeur, des molécules susceptibles d’améliorer la production de lait.

Partenaires : cette étude a fait l’objet d’une collaboration avec l’unité NP3 d’Oniris. Elle a reçu le soutien financier du Département INRA AlimH (ANSSD 2015).

Publication associée : Sevrin, T., Alexandre-Gouabau, M. C., Darmaun, D., Palvadeau, A., Andre, A., Nguyen, P., Ouguerram, K., & Boquien, C. Y. (2017). Use of water turnover method to measure mother's milk flow in a rat model: Application to dams receiving a low protein diet during gestation and lactation. PloS One, 12(7), e0180550. http://doi.org/10.1371/journal.pone.0180550

Date de modification : 11 septembre 2023 | Date de création : 13 octobre 2017 | Rédaction : Clair-Yves Boquien